Ha qu’on adore les roadtrip ! Cette fois, ce sont les routes sillonnant la région de l’Oriental au Nord-Est du Maroc que nous allons arpenter. L’Oriental est une destination très peu connue des voyageurs. Pourtant, c’est un territoire riche en sites naturels protégés classés d’intérêt biologique, écologique et archéologique. On va à la découverte de ses richesses naturelles et à la rencontre de ses habitants. Tu viens?
Oujda: le berceau du patrimoine culturel de la région de l’Oriental
Notre roadtrip commence à Oujda. La ville de Oujda dans la région du Rif oriental est l’une des villes du Maroc où les traditions sont les plus ancrées du fait de son histoire et de sa population conservatrice. Forte d’une histoire millénaire, Oujda garde encore les vestiges de son passé glorieux: Mosquées et palais majestueux, hammams beldi à l’architecture andalouse, écoles mérinides, souks flamboyants… Notre passage à Oujda était bref mais très instructif. On vous offre une petite visite guidée de la ville de Oujda en photos ici.
Saidia: la station balnéaire méditerranéenne
En empruntant la route qui longe la frontière algérienne, on s’arrête à un accotement pour saluer nos voisins algériens. C’est très drôle de voir les marocains d’un côté de la rivière et les algériens de l’autre brandir fièrement leurs drapeaux en se faisant des petits coucous. Photo souvenir et c’est parti ! Direction la station balnéaire de Saidia où nous allons pouvoir goûter aux plaisirs de la méditerranée le temps d’un weekend. Au programme: farniente à la plage, initiation au golf, activités nautiques délirantes, matchs de waterpolo improvisé dans la piscine, et festins de poissons et fruits de mer frais à la Marina. À lire: Vacances dans la station balnéaire de Saidia.
les zones humides de l’embouchure de la Moulouya: une aire protégée… Vraiment ?
Nous étions très enthousiastes à l’idée d’explorer les zones humides de l’embouchure du fleuve de la Moulouya, un patrimoine naturel réputé pour sa faune et sa flore exceptionnels, classé SIBE (Site d’intérêt biologique et écologique) et site RAMSAR en 2005. Cette terre humide salée, cernée de dunes de sable gris, est l’endroit de prédilection de plusieurs espèces de poissons et d’oiseaux migrateurs rares, ainsi que d’une importante population d’amphibiens et de reptiles. La flore est toute aussi unique et diversifiée. La déception était donc énorme lorsqu’on a découvert l’état des lieux, victime du développement du tourisme littoral, des pollutions industrielles et agricoles, et même du braconnage. Lorsqu’on a demandé à notre guide comment ça se fait qu’un site en l’occurence protégé
soit si pollué, il nous explique qu’à plusieurs reprises, les environnementalistes ont tiré la sonnette d’alarme pour prévenir sa dégradation sans succès, mais « qu’on voit ne voit pas du tout les déchets lorsque le niveau de l’eau est plus haut ». Tristesse et désespoir ! Malgré les interdictions, la plage à l’embouchure du fleuve est fréquentée par les locaux qui laissent leurs marques indélébiles (et non biodégradables) partout sur ce précieux site naturel riche en biodiversité. Il y avait quand même quelques flamands rose qui flânaient autour des détritus, et des traces d’autres animaux qui se sont nourris des restes de chips et canettes de bière de la veille. Avis aux autorités: Honte à vous ! Il ne suffit pas de mettre une pauvre pancarte « aire protégée » pour protéger un patrimoine naturel aussi fragile.
Cap de l’eau: Vue panoramique sur la splendeur de la Méditerranée
En longeant la route côtière reliant Saidia et Nador, on s’arrête cette fois pour admirer les prouesses acrobatiques des jeunes villageois qui sautent dans l’eau du haut d’un promontoire rocheux de la pointe de Cap de l’eau « Ras el Ma ». La falaise de Quankoum el Baz fait face à la méditerranée et aux îles chaffarines, un groupe de trois petites îles sous contrôle espagnol. Il parait que le coucher du soleil y est spectaculaire. Le restaurant qui domine ce panorama à Cap de l’eau propose tous les jours des assortiments de poissons et fruits de mer de la région, parfait pour une pause déjeuner. La plage rouge à proximité, qui tient son nom de la couleur ocre des falaises qui l’entourent, est un lieu naturel exceptionnel. Le village de pêcheurs de Cap de l’eau quand à lui est quelque peu défiguré par le béton. Quel dommage!
La plage sauvage de Sid El Bachir: Un secret bien gardé
La plage de Saidia est splendide mais elle est aussi pas mal bondée de vacanciers, et bordées d’hôtels et resorts en tout genre qui se disputent le front de mer. C’est en périphérie de la station balnéaire de Saidia, en s’aventurant sur des pistes cahoteuses qu’on découvre les plus belles plages sauvages de la région. La plage Sid El Bachir par exemple est une petite crique de sable blanc et d’eau cristalline protégée par des falaises vertigineuses qui lui donnent cet air mystérieux de territoire inconnu. Si les pistes ne vous font pas peur, d’autres plages isolées « sans noms » sont à découvrir sur la côte de la région de l’Oriental. Il suffit juste de baisser la vitre et de demander gentiment les conseils avisés des locaux.
Vallée du Zegzel: Des randonnées au coeur de jardins suspendus
Il est temps maintenant de quitter la route côtière pour explorer l’arrière-pays de la région de l’Oriental. Ce que nous allons découvrir dans les gorges et la vallée du Zegzel dans les montagnes des Beni Snassen va nous scotcher. La route qui relie la ville de Berkane au village de Tafoughart longe le lit de l’Oued Zegzel. On sillone ainsi des paysages montagneux avec des vues imprenables sur une vallée pittoresque embellie par des jardins suspendus, des vergers de néfliers, de grenadiers, d’orangers et de citronniers, et même une petite forêt d’arganier. Le massif de Beni Snassen culminant à 1535m domine ce paysage verdoyant. Les gorges du Zegzel promettent certainement des randonnées inoubliables.
Grotte du Chameau: Une galerie d’art de mère nature
La Grotte du Chameau de Berkane creusée naturellement dans les parois du massif des Beni Snassen, n’a l’air de rien de l’extérieur. En revanche, dès qu’on pénètre à l’intérieur, on découvre tout un univers d’une beauté exceptionnelle. La nature a taillé son oeuvre artistique sur 3 étages de galeries qu’on peut admirer le long d’un circuit bien éclairé et balisé. Des stalagmites et des stalactites forment un rempart de multiples colonnes sculptées dans le calcaire par les eaux d’infiltration durant plusieurs millénaires. En hiver, les eaux de la montagne, s’infiltrent à travers les parois humides et forment des cascades souterraines. C’est un lieu parfait pour pratiquer de la spéléologie, du tubing ou du Blackwater Rafting… si seulement quelqu’un daignait investir. En effet, à notre grosse surprise, nous apprenons que la Grotte du Chameau est actuellement fermée faute d’exploitant touristique. Comment peut-on laisser un endroit extraordinaire avec autant de potentiel à l’abandon ? Cette grotte est aussi spectaculaire que les grottes les plus populaires que nous avons exploré en Nouvelle-Zélande. Quelque chose dans l’exploitation des richesses naturelles marocaines m’échappe.
Grotte des pigeons: Spéléologie et vestiges archéologiques
Non loin de là, la grotte des pigeons est fabuleuse pour une toute autre raison. On y a découvert des restes humains préhistoriques, des parures et des outils parmi les plus anciens au monde, et même un crâne qui aurait subit la plus ancienne opération chirurgicale de l’humanité. La grotte est fermée au public, mais une équipe de fouilles archéologiques était sur place lors de notre passage. Un des scientifiques nous a livré un exposé fascinant sur l’importance archéologique de ce site, qui contribue à répondre à certaines questions fondamentales sur l’histoire de l’humanité. « Quand les mots manquent, les pierres parlent », a t-il conclut.
Village de Tafoughalt: L’ambiance bucolique des montagnes
Du retour à la lumière du jour, nous poursuivons notre ascension jusqu’au village de Tafoughalt, perché à 850 mètres d’altitude. Tafoughalt est un petit village pittoresque avec des maisons rustiques ornées de toitures en tuiles qui rappellent les maisons de montagne suisses, et qui détonnent avec le reste du paysage rural marocain. Les connaisseurs viennent de loin récupérer l’eau de source pure qui jaillit de la terre, aux vertus énergisantes semble t-il. Le centre du village regroupe plusieurs stands de grillades et de tajines, et un marché local où les personnes habitant dans les montagnes viennent s’approvisionner. Nous en profitons pour acheter des amandes, du roubiz, de la cannelle, du romarin, du fromage de chèvre, et d’autres produits du terroir de la région de l’Oriental. Tafoughalt constitue le parfait point de départ pour des randonnées en montagne. Le mont Ras Foralt (1532 m) présente un défi sportif, pour les amateurs d’escalade.
Madagh et les plaines agricoles Triffa: Plaisirs équestres champêtres
On rebrousse chemin en direction de la côte à nouveau. Notre prochain stop est le club équestre Yasmine à Madagh . Nous sommes accueillit en grande pompes par une fanfare de musique traditionnelle. Après un déjeuner familial copieux, l’après midi est réservé à une balade à cheval dans les plaines agricoles Triffa à travers les fermes d’orangers et de clémentines qui entourent le village. Je vous ai déjà parlé de mon amour inconditionnel pour les chevaux malgré mes allergies sévères aux poils des équidés. Allergies ou pas, nous avons chevauchés nos montures comme des cowboys au soleil couchant, en compagnie de notre guide qui semble connaitre tout le monde dans la région. Il nous explique que la Zaouia de Madagh, un lieu de retraite spirituel, est visitée chaque année par des centaines de milliers de pèlerins venus célébrer la naissance du prophète Mohammed à l’occasion de la fête religieuse du Mouloud.
Nador et Lagune de Marchica: Une vision d’un tourisme écologique éthique et responsable
Nous voici à nouveau sur la route côtière en direction de la plus grosse métropole de la région. Nador est une ville chargée d’histoire et en passe de devenir une destination touristique de choix grâce au projet Marchica Med qui est en cours de développement autour de la lagune du même nom, et sur la presqu’île d’Atalayoun. La beauté naturelle de ce site est époustouflante! Le projet Marchica a pour ambition de transformer la région en une version écologique de la Nice du Maroc, en conjuguant développement régional et tourisme de haut standing. Tout ce qu’on peut espérer, c’est que ce projet colossal tienne ses promesses en termes d’efforts de conservation écologique et de développement durable.
Cap des trois fourches: La Great Ocean Road marocaine
Région de l’Oriental: Le verdict
La région de l’Oriental, riche en découvertes est à la fois surprenante et attachante. Hormis la station balnéaire de Saidia et celle en cours de construction autour de la lagune de Marchica, la région de l’Oriental garde encore cet aspect sauvage et authentique qu’on aime tant. Le Cap des trois fourches, la vallée de Zegzel et sa grotte du chameau, ainsi que les plages sauvages autour de Cap de l’eau figurent dans notre palmarès des top 3 sites à visiter absolument.
Ce qu’on déplore en revanche, c’est qu’il est difficile de trouver un endroit, aussi isolé soit-il, qui soit encore épargné par les sacs et déchets de plastique. Dans une région qui veut encourager le tourisme vert équitable et solidaire, il y a encore beaucoup d’efforts de préservation et de conscientisation à faire.
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Infos pratiques
- La ferme pédagogique et club équestre Yasmine à Madagh propose des formules avec hébergement, animation et randonnées équestres.
- Le gîte Raid Oriental à Tafoughalt à l’architecture berbère atypique dispose d’une piscine et d’un restaurant.
- Le gîte de l’Ancienne Poste à Tafoughalt est un bon point de départ pour les randonnées en montagne.
Très beau article. C’est les trésors de la Méditerranée Marocaine méconnues. Des sites mille fois meilleures que la côte d’Azur ou la costa del sol.
nature sauvage, gens hôspitaliers et une belle région à découvrir pour ceux et celles qui aiment les nouvelles destinations.
Cet article est super! Je connais bien cette region et je l’adore.
Les plages sauvage entre Arekmane et Cap de L’eau, Tafoghalt, Les Trois Fourches…
Il y a tant à voir dans l’Oriental, mais c’est encore inconnu… tu y trouves encore des coins vierges!
Pour le logement, il y a un nouveau Riad, sur la route entre Arekmane et Cap de l’eau: Riad Kebdana (www.riadkebdana.com)
bonjour
nous partons dans cette region dans 1 mois, et vos commentaires nous donnes envie d aller visiter ces endroits qui ont l air magnifique, cependant nous voyageons avec notre petite fille de 2 ans et demi, es ce que ce type de voyage convient a un enfant de 2 ans et demi?
merci
Décidément, à chacun de vos articles, je me dis que j’adore votre blog :)
Cet article est super, j’avoue que je craque pour la vallée du Zegzel et ses jardins <3
Je ressens la même colère et frustration quand je vais dans une "aire protégée" et que j'y trouve tout un tas de déchets. Quel dommage, la photo que vous mettez est superbe et laisse imaginer des marécages sublimes. Tant pis…
En tout cas merci pour ces découvertes !
Merci pour votre itinéraire
Je vous suis sur FB
Je pars demain pour Oujda, invitée par une connaissance en France qui nous invite au mariage de son frère: vive l’hospitalité marocaine!
Nous allons en profiter pour faire votre roadtrip
Nous n’avions rien trouvé sur les guides de voyages….
Ha bein ça tombe à pic alors. Quelle chance de pouvoir assister à un mariage marocain! Ça va être haut en couleur et en décibels. Amusez-vous bien dans la région de l’Oriental et surtout, prenez votre temps!
Voilà une expérience que j’aimerais beaucoup vivre…
À rajouter dans ta « bucket list » alors :)